Bim mon frère ! Ce mois-ci, c‘est du pur délire !!! Attrape tes lunettes, pousse Maman dans la cuisine, installe-toi dans le canap. Ça va chauffer, Frèrot, tu vas en prendre plein les yeux. Le gars, que je vais te présenter, me fais bien kiffer. Il collectionne les bobos, possède les cartes de fidélité des hosto de la région. Il n’hésite pas à montrer les crocs quand l’occaze se présente. Il a toujours les bons mots quelque soit les circonstances. Chez vous, un tonnerre de tape dans tes mains pour celui qui court plus vite que ses propres pieds, j’ai nommé PORCELAINE.
Porcelaine, impossible de débuter ce Portrait sans évoquer l’origine de ton surnom. Tu as participé, il y a quelques années, au casting d’Incassable, pour jouer au côté de Samuel L. JACKSON. Malgré ta prestation extraordinaire, c’est Bruce WILLIS qui a été retenu. J’imagine ta frustration et ta colère.
[Porcelaine m’interrompant] Souvenir terrible en effet. Bruce, mon ami, mon frère, a honteusement triché pour avoir le rôle en prenant mon apparence grâce à son subterfuge de l’imitation capillaire, trompant ainsi le directeur de casting. Je revois mon père pleurant de ne pouvoir jouer à mes côtés. Car tu le savais, non ? Samuel L. Jackson est mon père. Je me souviens, plein d’émotion, de ce jour où, à peine sorti du plateau, le visage encore engoncé dans son casque noir et sa respiration lourde d’asthmatique, me disant « je suis ton père »…
[NDLR] eh, Frérot, du calme, bientôt tu vas me demander te t’appeler Luc, Pil’Luc. Reprenons.
Tu as cependant surmonté cette épreuve en te lançant dans de nouveaux défis rugbystiques. Peux-tu détailler tes prestations lors de ta première saison chez les VS ?
Ma première saison a été d’une intensité rare. Tellement intense, et si forte émotionnellement que j’ai préféré l’interrompre au bout de 28 minutes. En effet, après avoir posé pour la première fois le pied sur l’herbe tendre de Villarceau, j’ai réalisé un saut de l’ange en touche (certains témoins diront que je suis tombé comme une merde ; c’est une autre version des faits que je conteste). Cette chute se concluait par une douloureuse luxation de l’épaule. Mais dès la rentrée suivante, j’étais là, bombant le torse et le ventre sur le pré, déjà prêt à repartir aux urgences …
Malgré cette blessure, tu ne t’es pas découragé et tu as repris le chemin de l’entrainement la saison suivante. Pas même une hésitation ? aucune appréhension ? quelle était ta motivation ?
Non, aucune d’hésitation.
Les infirmières de la clinique de l’Yvette sont affriolantes. Il me fallait trouver un prétexte plausible pour les revoir … Et puis n’oublie pas ma ressemblance criante avec Wolverine. Non pas par sa pilosité mais plutôt par sa capacité de résilience et d’auto-réparation. Je me casse vite mais me répare aussi vite.
Et puis, mais c’est une confidence, ne l’ébruite pas, les VS sont une sacrée bande de cons bien sympathiques …
Ton fils joue au rugby à l’Ecole de Rugby de Marcoussis, ta femme entraîne une équipe de jeunes, tu fréquentes l’équipe de rugby à 5, le lundi soir, et tu remets çà le vendredi avec les VS. Et comme si cela ne suffisait pas, tu es abonné aux matchs du Stade Français. Non mais dis donc, PORCELAINE, tu ne serais pas en surdosage de rugby ?? Est-ce que cet emploi du temps est accepté facilement par tes proches ? si oui, quel est ton secret …. ?!
Cela se passe très bien avec mes proches : mes enfants ne disent rien, ils sont tellement contents de voir la lumière du jour et d’avoir un peu de chaleur, car il faut reconnaître leur cave est froide. Quant à ma femme, depuis que le 8 mars dernier, journée de la femme, je lui ai allongé de 10 anneaux sa chaîne, lui permettant de faire quelques pas en dehors de la cuisine, elle est ravie.
Heu … merci de ne pas lui montrer cet entretien, les nuits sont glaciales et humides dehors en cette période de l’année.
En dehors du rugby as-tu d’autres activités ?
J’ai moult activités en dehors du rugby ! Outre un boulot très prenant, je peux citer par exemple, le yoga, car, en plus de Wolverine, j’ai toujours rêvé d’être mister fantastic. Et puis il y a aussi la méditation zen.
La méditation zen ? Mais pourquoi donc ?
Parce dans ma longue vie (je ne fais pas mon âge), j’ai vu un niagara d’images terribles et bouleversantes. J’ai vu la guerre, la victoire était au bout de leurs fusils. J’ai vu le sang sur ma peau, j’ai vu la fureur et les cris. J’ai aussi vu des enfants de Viry-Châtillon tout jeunes, encore tout innocents, encadrés par un célèbre ancien VS. J’ai vu des supporteurs de Toulon. J’ai vu un énorme sanglier ronflant, tout encellophané sur sa chaise de club-house de province. J’ai vu la mort se marrer et ramasser ceux qui restaient, alors que d’habitude c’est le sanglier qui ramasse ce qui reste … Bref, j’ai vu des choses abominables, que seule la sérénité apportée par la méditation zen permet de supporter.
Je viens d’évoquer ton intérêt pour le Stade Français. Pour faire plaisir à MichMich, serais-tu prêt à supporter l’équipe de Toulouse et rejoindre ainsi MAYO dans le camp des ralliés ??
As-tu remarqué les couleurs de Toulouse ? Le rouge et le noir ! Cela ne t’évoque rien ? non, pas Stendhal ! [NDLR : Il joue dans quelle équipe ?] Ce sont les couleurs de l’enfer !! On ne pactise pas avec le diable, on l’exorcise ! Vade retro, Toulousas.
Tu noteras que le rose est la couleur des licornes et des bisounours et qu’on n’a jamais vu les licornes et encore moins les bisounours pactiser avec le diable…
Bon, après, il faut raison garder : il y a pire que le diable, il y a l’irlandais, il y a l’anglais … Et là, pas de quartier !
Tu fais partie des joueurs qui ont affronté PANTIN l’année dernière pour le dernier match de la saison. Ce match s’est joué dans des conditions absolument dantesques, avec sur le terrain, un véritable combat de chaque instant. J’imagine que tu t’en souviens.
Oui très bien, afin d’encourager au mieux mes copains, je me suis fait un gros claquage dès les premières minutes du match. Ils voyaient ainsi qu’ils pouvaient avoir confiance, tout allait se passer comme prévu.
Nous recevons cette même équipe, Vendredi 25/01. Si tu as un message mobilisateur à faire passer à l’équipe quel serait-il ?
La victoire ne tiendra qu’à un fil. Surtout, retrouvons l’agressivité de Monstro que nous avions à Chevreuse. Face à PANTIN, nous devons entrer sur le terrain en mode Guerrier et jouer un match plein et entier. Chacun des joueurs doit se sentir concerné par ce match, c’est important. Les deux équipes sont à peu de choses près du même niveau. Ce qui fera la différence, c’est notre volonté.
Nous arrivons à la fin de cet entretien et c’est le moment de libre expression …. Libre mais correct ! PORCELAINE, quand tu repenses aux voyages VS de fin d’année, quelle est l’anecdote qui te vient immédiatement en tête ? peux-tu fournir les détails !!!!!!!
Franchement, il y en a pléthore. En voici une qui m’a fait énormément rire.
Sur l’ile d’Oléron, nous avons été très bien accueillis par les locaux et avons fait une super fête. Nous étions tous, même si certains plus que d’autres, dans un état avancé …
Nous rentrons dans le mini-bus, et je suis assis à l’arrière avec un VS qui s’était déjà illustré depuis le début du voyage (voire auparavant) par une connaissance limitée de son smartphone. Je le vois essayer de tapoter quelque chose, je sens que c’est compliqué pour lui.
« Mais que fais-tu ? »,
« je lis les messages de ma femme » me répond-il. Je lui propose alors d’écrire à sa femme en précisnat dans le message que son mari prend bien du plaisir d’une façon que la censure m’oblige à taire – c’est bien dommage, car c’est très rigolo.
Chacun alors dans le minibus en rajoute, on se marre comme des fous, puis je l’entends dire :
– C’est fait !
– C’est fait quoi ?
– Ben, j’ai envoyé le message
… Nous avons par la suite compris qu’il avait par la suite eu une longue période de cohabitation avec son chien, sa femme ayant moyennement apprécié la nature du message. On ne peut plus plaisanter !!
Allez, une deuxième anecdote pour la route.
Lors du jubilé du Marquis, je me suis fracturé le petit doigt pendant le match. Alors que ma petite famille participait à la fête, je suis parti à la clinique de l’Yvette. On m’avait dit qu’il me prendrait rapidement. Trois heures plus tard, vers 23 heures j’étais toujours dans la salle d’attente. Il y avait encore une bonne douzaine de personnes, dont une famille qui faisait très bourgeoise-coincée, une femme voilée avec ses enfants, et des ados, bref, une communauté très diversifiée. J’étais la seule personne non accompagnée. Tout le monde parlait, cela entretenait un brouhaha permanent. Je m’ennuyais grave… Heureusement quelques VS ainsi que ma femme me d’envoyaient des nouvelles de la soirée qui battait son plein. Ma femme m’envoie une vidéo. Je l’ouvre alors qu’au même moment tout le monde s’est tu. Et là, dans un silence soudain oppressant, résonne dans la salle d’attente la chanson « j’ai un morpion qui me gratte les couilles … »
Et voilà, c’est déjà l’heure de couper ton smartphone et de revenir à la vie normale. J’espère que tu as passé un moment agréable. Pour ma part, je me suis bien marré, et n’oublie pas « A QUI LE TOUR ?? »